Dans la lumière de Jean Zay







DANS LA LUMIERE DE

JEAN ZAY 

20 juin 1944 : deux semaines après le débarquement allié, Jean Zay est tiré de la prison de Riom, où l’avait jeté le régime de Vichy. On l’emmène dans un bois désert. On l’assassine…

Jean Zay représentait tout ce que Vichy détestait. Juif et franc-maçon, député radical, l’un des hommes politiques les plus doués de sa génération, il était devenu, à trente-cinq ans, le ministre de l’Education nationale du Front populaire. Il avait été, de surcroît, partisan de l’intervention en Espagne, et de la fermeté envers Hitler.  Ministre jusqu’en 1939, Jean Zay avait démissionné pour aller au combat. Le 20 juin 1940, il s’était embarqué sur le Massilia. Arrêté à Rabat (en même temps que Mendès-France et Mendel), il fut transféré et écroué à la prison de Clermont-Ferrand pour se voir condamné à la même peine que Dreyfus : la « déportation ». Il fut, en janvier 1941, incarcéré à la maison d’arrêt de Riom. C’est là qu’en juin 1944, des miliciens vinrent le chercher pour le tuer.

LE FILM  réalisé par Marieke Aucante en 1994 à l’occasion du 50ème anniversaire de la disparition du ministre de l’éducation et des Beaux-arts, « DANS LA LUMIERE DE JEAN ZAY » retrace à travers des images d’Archives et des témoignages la vie de Jean Zay.

LA FICHE TECHNIQUE DU FILM
« Dans La lumière de Jean ZAY » 26 minutes.
Un film de Marieke Aucante / images Pierre Aucante /

voix de Jean Zay : Alain Meilland

Ce film est placé sous le signe de l’évocation sensible. Il est né d’une rencontre avec les filles de Jean Zay et d’une lecture « Souvenirs et Solitude » le journal pudique et profond qu’il a écrit dans les geôles de Vichy.

Dans la lumière de Jean Zay, disponible sur CATALOGUE DOUBLE CŒUR DVD : 10 €
Alain Meilland avait participé à ce film en prêtant sa voix à ce grand ministre du Front Populaire.

MARIEKE AUCANTE est Grand Reporter à France Télévisions, journaliste à
l'émission de médiation  « Votre télé et vous » de Marie Laure Augry. Elle est l'auteur d'une douzaine de romans, essais, nouvelles, pièce de théâtre dont : Petit Frère l'Orage – Entre terre et océan - Deux petits soldats de plomb - Le livre du Braconnier L'arbre de la liberté - Pour un panier de morilles - Elle et lui - On m'a jamais demandé mon avis - Le loup des brumes - La vierge du diable - . Ces enfants dont personne ne veut - L’hiver en Juillet

 Pour son engagement dans la protection de l'environnement et son implication dans la formation des professionnels et des familles accompagnant les personnes en situation de handicap, afin qu'elles retrouvent une place digne dans notre société, elle a reçu en juin 2008 les insignes de la légion d'honneur.

SOUVENIRS ET SOLITUDE  est le titre du livre quia servi de base à la lecture théâtralisée qui suivra la projection du film  et constitue la seconde partie de la soirée


Alain Meilland qui a fait le choix, l’adaptation des textes et la mise en scène nous dit que : « On aurait pu attendre, en lisant ces pages, le testament d’un homme politique. C’est un homme, tout simplement qu’on découvrira. Un homme attachant, éblouissant de talent, de finesse et d’intelligence, mais attentif et sensible, profond parfois, qui, victime d’une persécution totalement inique, a vécu cette injustice dans la sérénité du juste, au fil interminable des jours et des nuits de sa prison. J’ai fait un choix de texte à la fois pour transmettre ce qu’écrivait, sur la France de demain,  ce ministre captif, ce grand-Maître de l’Université, renié, bâillonné et bientôt martyr, mais aussi pour soutenir les buts que s’est fixée l’Association DOUBLE CŒUR : réfléchir et débattre sur l’histoire de l’action culturelle en France. Construit successivement en trois parties, les Beaux-arts, le cinéma le théâtre, notre propos tentera d’être le prolongement de ce que dit de Jean Zay, l’historien Pascal Ory dans le film de Marieke Aucante »

LE TEMOIGNAGE DE PASCAL ORY

« En terme de politique culturelle je pense que c’est d’avoir convaincu une bonne partie des artistes et des interlocuteurs naturels de cette politique que l’état pouvait intervenir dans les politiques culturelles, en subventionnant, en encourageant, en faisant des choix, sans que cette intervention signifie la dictature et la mise au pas. C’est quand même capital parce que ça va donner effectivement les grandes réformes de la libération, la décentralisation théâtrale, la relance de la politique des bibliothèques, puis ça va donner Malraux, les Maisons de la Culture ou les Centres d’Action culturelle, les initiatives de Jack Lang, mais tout ceci est parti d’un coup de pouce qui est essentiellement l’œuvre du Front Populaire et donc de Jean Zay, son ministre de l’Education nationale qui était, en même temps le ministre des Beaux-arts de fait. Cela est capital. »

LA DISTRIBUTION 


27 MAI 2015 du Panthéon à Bourges

Germaine Tillion, c’est l’égalité. L’égalité entre les hommes et les femmes, l’égalité entre les cultures, l’égalité entre les peuples. Geneviève Anthonioz-De Gaulle, c’est la fraternité. La fraternité dans la Résistance, fraternité dans la déportation, la fraternité pour la condition humaine. Pierre Brossolette, lui, c’est la liberté et Jean Zay, c’est la République.            François HOLLANDE

C’est pourquoi, nous avons symboliquement choisi cette date pour cette soirée DOUBLE CŒUR afin d’honorer  et rendre hommage à l’homme qui a compris que   
« désobéir est parfois un devoir ».



Jean Zay vu par Alain Meilland

A l’occasion de la réédition de ce film en version DVD nous avons rencontré Alain Meilland pour qu’il nous raconte la genèse de ce projet

Alain Meilland : Nous sommes en 1994 et la cinéaste Marieke Aucante me contacte. Elle m’explique qu’elle souhaite réaliser un film à l’occasion du cinquantenaire de la mort de Jean Zay.

De cet homme je connaissais assez peu de choses si ce n’est qu’il fut, dans le gouvernement du Front Populaire, Ministre de l’éducation et Ministre des Beaux Arts. Sans vouloir nier l’important travail mené par le Ministre de la Culture du Général de Gaulle : j’ai toujours pensé que, la plupart des grandes réformes initiées par d’André Malraux, et tout particulièrement en matière de décentralisation culturelle, étaient déjà présentes dans celles conduites par Jean Zay, ou celles qu’il aurait souhaité conduire si la guerre n’avait interrompu son brillant parcours.

Citons, entre autres, la Réunion des théâtres lyriques nationaux et le Musée national des arts et traditions populaires,  l’encouragement  apporté à la création des bibliobus ou encore la création du festival de Cannes, dont la première édition aurait dû se tenir en septembre 1939 si la guerre n'avait été déclarée.

Quant aux réformes concernant l’Education Nationale, il serait trop long de les citer ici, mais tous ceux qui ont fait carrière dans l’enseignement savent bien ce qu’ils lui doivent !

En préparant le rôle qu’on me proposait dans ce film, j’appris que brillant mais aussi tragique, fut le destin de Jean Zay. 

Plus jeune député de France à 27 ans, Ministre à 32 ans, il fut également dénoncé pendant des mois par une violente campagne de presse, orchestrée par Philippe Henriot, ministre de l'Information du gouvernement de Vichy, qui réclamait la condamnation à mort du « Juif Jean Zay » comme Juif, comme franc-maçon, comme radical socialiste antimunichois, antihitlérien et comme ministre du Front populaire. J’appris également que, sur ordre de Vichy, il fut, durant toute la période de l’occupation, incarcéré dans le quartier spécial de la maison d'arrêt de Riom

C’est depuis cette prison, où il pouvait continuer à recevoir régulièrement sa femme et ses deux filles, dont la cadette était née après son arrestation, qu’il écrivit de très nombreuses lettres et des textes que l’on peut lire dans le livre : « Souvenirs et Solitude » journal pudique et profond.

Toujours à l’occasion du tournage de ce film j’eus le privilège de rencontrer à Orléans ces deux filles : Catherine Martin-Zay et Hélène Mouchard-Zay, et c’est, à leur demande, quelques mois plus tard, en juin 1994 lors de l’hommage de la République qui lui fut rendu à Orléans par François Mitterrand à l’occasion du cinquantenaire de sa mort que j’eus l’honneur de lire la lettre qui va suivre.  Je dois vous dire que ce fut la dernière que Jean Zay écrivit la veille de sa mort.

Je dois vous dire aussi que depuis sa prison, et, dans la mesure où il pouvait communiquer avec ses amis, il n’ignorait pas que depuis  deux semaines le débarquement avait eu lieu en Normandie.

Il n’ignorait pas non plus que les troupes alliées progressaient, que les résistants ouvraient les portes des prisons pour libérer les prisonniers politiques, mais que parfois ils étaient devancés par les miliciens qui, avant de fuir, exécutaient leurs basses œuvres.

Il savait donc, en écrivant cette lettre que j’ai lue ce jour là, aux côtés du Président de la République, il savait que la porte de sa cellule allait s’ouvrir, mais il se demandait si elle s’ouvrirait sur la liberté ou sur la mort.

  Le lendemain :  20 juin 1944, des miliciens de Joseph Darnand viennent le chercher à la prison, sous le prétexte d'un transfert à la prison de Melun, lui laissent entendre ensuite qu'ils sont des résistants déguisés qui ont pour mission de lui faire rejoindre le maquis, et l'assassinent dans un bois, près d'une carrière abandonnée, au lieu-dit Les Malavaux, à Molles, dans l'Allier

Les tueurs le déshabillent, lui ôtent son alliance, le fusillent, jettent la dépouille dans un puits et y lancent quelques grenades de manière à ce qu'il ne puisse pas être identifié.

Le 22 septembre 1945, son corps et ceux de deux autres personnes sont retrouvés, enfouis sous un tas de pierres, par des chasseurs de Molles, et enterrés sur ordre de la municipalité de Cusset dans une même fosse du cimetière communal

Exhumés fin 1947, les restes de Jean Zay sont identifiés grâce à sa fiche dentaire et aux mensurations données par son tailleur.

Jean Zay est inhumé dans le grand cimetière d'Orléans depuis le 15 mai 1948

En mai 2009, est crée à Sciences Po Bordeaux, une « Chaire Jean Zay ».

Il existe une association qui œuvre pour le transfert des cendres de Jean Zay au Panthéon, dont le président est Jean-Michel Quillardet.